Dans quelle mesure le conflit en cours entre Israël et la bande de Gaza est-il lié aux ressources pétrolières et gazières de la région ? Depuis l'an 2000, après la découverte de gisements de gaz à Gaza, le gouvernement israélien a empêché le peuple palestinien et ses représentants d'exploiter les avantages de leurs ressources naturelles. Regardons les faits. La connaissance et le potentiel des gisements de gaz de Gaza sont omniprésents depuis leur découverte initiale en 2000. L'ancien président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, les considérait comme un don divin. Néanmoins, Gaza n’est toujours pas parvenue à tirer profit de ses gisements de gaz naturel, notamment identifiés sous le nom de Gaza Marine. Ces dernières années, des discussions ont persisté entre les parties prenantes israéliennes, les entreprises égyptiennes et l’Autorité palestinienne concernant l’utilisation des ressources gazières au large des côtes de la bande de Gaza et la méthode permettant d’exploiter cette richesse substantielle. Cependant, la réalité est quelque peu occultée par le public : lors du déclenchement du conflit avec Gaza en 2008, qui s'est prolongé jusqu'en 2009, Israël a exploité cette période pour essentiellement prendre le contrôle de la marine de Gaza, empêchant ainsi son développement par le peuple palestinien. Cela s’est produit malgré le fait qu’elle relevait de la juridiction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), comme le stipulent les accords d’Oslo, garantissant ainsi son statut de zone économique palestinienne exclusive. Dans le contexte historique récent, le Hezbollah, la faction armée qui protège le territoire libanais, a eu recours à des menaces de guerre avec Israël et a ciblé ses gisements de gaz à moins qu’Israël ne cède au gouvernement libanais ses droits sur les segments de ces gisements situés dans les eaux territoriales libanaises. Cédant à la pression du Hezbollah, le gouvernement israélien a cédé à contrecœur et a signé un accord autorisant la population libanaise à exploiter pacifiquement ses ressources naturelles. Notamment, tout au long de cette crise, les droits des habitants de Gaza sur leurs gisements de gaz n’ont jamais été contestés.
Suite au succès du Hezbollah et du Liban dans la reconquête de la souveraineté sur leurs ressources naturelles, le Hamas a lancé une initiative similaire. Il a lancé un avertissement à Israël, annonçant des représailles si Israël tentait de s'approprier les ressources de Gaza. Par la suite, d'importantes négociations entre l'Autorité palestinienne, l'Égypte et le Hamas ont suivi, aboutissant à l'accord du Hamas en juin dernier d'autoriser le développement du contingent maritime de Gaza moyennant la réception d'une part des revenus du gisement de gaz. Après l’attaque du Hamas du 7 octobre, Israël s’est vu contraint de fermer son principal gisement de gaz, le gisement de Tamar, qui constitue la majorité de sa production de gaz. Aux prises avec les conséquences économiques de cette fermeture, Israël a choisi de délivrer de nouvelles licences à diverses sociétés énergétiques pour renforcer sa position et rassurer les compagnies pétrolières sur le potentiel économique du développement du gaz israélien. Depuis 2000, Israël empêche le peuple palestinien de bénéficier de ses gisements de gaz qui, selon le droit international et les accords approuvés par Israël, appartiennent de plein droit à la population palestinienne. À l’heure actuelle, le seul obstacle pour Israël est le Hamas. L'élimination du Hamas permettrait apparemment à Israël d'exercer un contrôle incontesté sur les ressources gazières de Gaza. Robert Inlakesh est un analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a réalisé des reportages et vécu dans les territoires palestiniens occupés et anime l'émission « Palestine Files ». Réalisateur de « Le vol du siècle : la catastrophe palestinienne-israélienne de Trump ». Suivez-le sur Twitter @falasteen47