Pour bien comprendre le génocide en cours dans la bande de Gaza, nous devons examiner comment Israël s’est stratégiquement distancié de toute responsabilité quant au sort des réfugiés palestiniens. Israël a constamment utilisé des mensonges et des inventions pour rejeter la responsabilité des réfugiés palestiniens sur les autres. Au départ, c’était la faute des « Arabes » qui avaient promis aux Palestiniens qu’ils pourraient partir tandis que les armées arabes chassaient les Juifs de Palestine, après quoi ils pourraient revenir. Les Palestiniens sont tombés dans le piège, selon l’histoire sioniste, et maintenant c’est dommage pour eux de ne pas pouvoir revenir. Même si cela était vrai, cela n’explique pas pourquoi, à partir de la fin de 1947, les groupes terroristes sionistes déplaçaient violemment les Palestiniens, ni pourquoi les réfugiés n’étaient pas autorisés à rentrer. Après la création de l’État d’Israël, la bande de Gaza, certaines parties de la Cisjordanie et de vastes zones des pays limitrophes de la Palestine sont devenues des camps de réfugiés. À partir de ce moment-là, Israël a affirmé qu’il était de la responsabilité des pays d’accueil de résoudre la crise des réfugiés en intégrant les Palestiniens. En d’autres termes, ce n’est pas la responsabilité de la partie qui a commis le crime de nettoyage ethnique mais celle des pays qui ont été contraints de les accueillir. Parce qu’Israël a occupé Gaza, il est confronté à un problème qu’il ne peut pas résoudre. Faire la seule chose qui a du sens et permettre aux réfugiés de retourner dans leurs terres et leurs foyers est hors de question car Israël est un régime raciste génocidaire. Laisser Gaza telle qu'elle est ne fonctionne pas non plus, donc tuer autant de Palestiniens que possible à Gaza et les rejeter sur eux est la politique depuis des décennies, et elle a été couronnée de succès.
Depuis le début des années 1950, lorsque la bande de Gaza a été créée, les forces israéliennes y ont commis des massacres et ont ensuite imputé la responsabilité aux Palestiniens, affirmant qu'ils représentaient une menace existentielle. Cette stratégie de meurtre a connu un tel succès que même aujourd’hui, en 2024, le monde est prêt à permettre à Israël de commettre des actes de génocide sans interruption. En outre, alors que ces actes de génocide ont lieu, Israël a réussi à réaliser une autre facette de sa stratégie visant à porter atteinte aux droits des réfugiés palestiniens. Il a réussi à amener le monde à réduire son soutien à l’UNRWA. Les ressources dont disposait autrefois l’UNRWA étaient à peine suffisantes pour fournir les services qu’exige son mandat. Aujourd’hui, le besoin est plus grand que jamais, et une grande partie des ressources se sont taries à cause de l’affaiblissement de l’organisation par Israël. Enfin et surtout, Israël et ses alliés accusent l’Égypte et même la Jordanie de n’avoir « pris » aucun des survivants du génocide à Gaza. Ce sont ces pays, disent les sionistes, qui devraient prendre les Palestiniens et les sauver. Une fois de plus, la responsabilité est transférée des auteurs des crimes à des parties qui n’y sont pour rien, tandis qu’Israël bénéficie d’une couverture diplomatique et d’un soutien matériel qui lui permettent de poursuivre le génocide à Gaza et l’oppression brutale dans toutes les régions de Palestine. Miko Peled est un écrivain collaborateur de MintPress News, auteur publié et militant des droits humains né à Jérusalem. Ses derniers livres sont « Le fils du général. Voyage d'un Israélien en Palestine » et « Injustice, l'histoire de la Holy Land Foundation Five ».