Le journaliste palestino-américain prolifique et fondateur d'Electronic Intifada, Ali Abunimah, a été arrêté par des policiers en civil puis expulsé de Suisse, tandis que des criminels de guerre israéliens condamnés se rendent librement sur le continent européen. Cette décision s'inscrit dans une tendance plus large de répression des pays occidentaux contre les militants et journalistes pro-palestiniens. Abunimah a été interpellé par des policiers en civil dans les rues de Zurich, soumis à deux jours d'interrogatoire et maintenu en détention avant son expulsion. Son arrestation a suscité de vives critiques de la part d'experts des Nations Unies, qui ont averti que « le climat entourant la liberté d'expression en Europe devient de plus en plus toxique ».
Ali Abunimah – sans doute le principal éducateur américain de longue date sur l'occupation de la Palestine par l'EI – a été arrêté à Zurich, avant une conférence qu'il était invité à donner. C'est effrayant. Il s'agit non seulement d'un nouveau ciblage des journalistes palestiniens, mais aussi… pic.twitter.com/WKQmmkbEFS
– Sana Saeed (@SanaSaeed) 26 janvier 2025
Le voyage d'Abunimah en Suisse devait se conclure par un discours sur la lutte palestinienne. Mais peu après son arrivée, il a été la cible d' attaques médiatiques . Le média suisse NZZ a publié un article tentant de l'associer au fondamentalisme islamique et à l'antisémitisme. L'article citait un membre du conseil d'administration du groupe sioniste « Plus jamais ça n'arrivera » (NAIN), qui affirmait qu'« Abunimah et sa plateforme sont le porte-parole du Hamas ». Mario Fehr, responsable de l'arrestation d'Abunimah le 25 janvier, est un militant résolument pro-israélien et une figure de la sécurité en Suisse, connu pour sa participation et ses interventions lors de rassemblements pro-israéliens. La raison précise de la détention et de l'expulsion d'Abunimah reste obscure – il a été détenu sans inculpation –, mais les circonstances suggèrent que son travail journalistique y a probablement contribué. Alors qu'Abunimah risquait d'être arrêté, interrogé et finalement expulsé le 27 janvier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a obtenu des autorités polonaises l'autorisation de visiter le mémorial d'Auschwitz, malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale. Le président israélien Isaac Herzog, quant à lui, a été accueilli avec toutes les courtoisies diplomatiques lors de la conférence annuelle du Forum économique mondial à Davos.
Aucun grand média occidental n'a couvert l'arrestation par les autorités suisses du directeur exécutif de l'Intifada , Ali Abunimah .
Un pays occidental « civilisé » persécute un journaliste pour avoir dénoncé les crimes d'Israël , et les médias restent silencieux. Bande d'hypocrites.
– Rania Khalek (@RaniaKhalek) 27 janvier 2025
Electronic Intifada n'est pas étranger à ce type de surveillance. Pendant la guerre israélienne à Gaza, le collègue d'Abunimah au sein du média, Asa Winstanley, a été pris pour cible par les autorités britanniques. Son domicile a été perquisitionné et ses appareils électroniques confisqués sous prétexte qu'il aurait enfreint la loi britannique sur le terrorisme, formulée en termes vagues. Le gouvernement britannique a appliqué cette loi avec un autoritaire croissant, l'utilisant pour justifier l' arrestation de journalistes comme Richard Medhurst et de militants comme Sarah Wilkinson. Mais il a poursuivi les membres du groupe Palestine Action avec une ferveur particulière, apparemment déterminé à démanteler sa campagne visant à expulser du Royaume-Uni le principal fabricant d'armes israélien, Elbit Systems. Parallèlement, l'Allemagne – peut-être le pays européen le plus agressif dans la répression des discours critiques à l'égard des actions militaires israéliennes – a intensifié sa répression. Les autorités continuent de rafler, d'enquêter, d'arrêter, d'expulser et de perquisitionner les domiciles de milliers de militants, journalistes et universitaires pro-palestiniens. Le chirurgien palestinien Ghassan Abu-Sitta s'est vu interdire l'entrée dans les 29 pays européens de l'espace Schengen pendant la guerre israélienne contre Gaza. La police allemande est même allée jusqu'à perquisitionner une salle de projection où il devait s'exprimer virtuellement. La France, quant à elle, a non seulement interdit les manifestations de solidarité avec Gaza par le passé, mais a également activement censuré les discours sur le sujet, en particulier au cours des 15 derniers mois. Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il faciliterait le voyage du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en France, faisant fi du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale. Aux États-Unis, des législateurs soutenus par des groupes de pression pro-israéliens font pression pour une législation visant à restreindre les organisations à but non lucratif qui promeuvent un message pro-palestinien. Ces mesures auraient des répercussions sur les médias, les groupes de la société civile et les organisations de défense des droits. Washington a également connu son lot d'arrestations et de perquisitions. Parmi les plus marquantes, on peut citer la perquisition policière au domicile de l'auteure pro-palestinienne Alison Weir en novembre dernier. Photo de fond | Illustration de MintPress News Robert Inlakesh est un analyste politique, journaliste et documentariste basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a vécu et réalisé des reportages dans les territoires palestiniens occupés et anime l'émission « Palestine Files ». Il a également réalisé « Steal of the Century: Trump's Palestine-Israel Catastrophe ». Suivez-le sur Twitter : @falasteen47